Le Tableau de Marco, quand la langue française rencontre le street-art

Je suis une contemplative. Au quotidien. Je crois que c'est dans ma nature. Plus ou moins en fonction des conditions dans lesquelles je me trouve. Un truc qui ne rate jamais, c'est la voiture, quand je suis passagère. Je ne rate aucun rapace sur les barrières du bas-côté, aucun minuscule détail à base de "oh, trop mignonne, la boîte aux lettres" ou de "regarde, il y a un chat dans l'arbre là-bas".
Note pour toi-même : mon pilote de MariChéri ne réponds pas à mes injonctions et ne regarde jamais. Je me fais même engueuler parfois, c'est te dire. Et je te rassure : je contemple bien moins les alentours lorsque je suis moi-même au volant même si j'arrive à avoir une vision périphérique qui m'étonne parfois. Bref.

Tu penses bien que, pour le coup, ce tableau d'écolier installé au bord de la quatre-voies reliant Ouistreham à Caen, plus précisément à Blainville-sur-Orne, mon chez-moi, il ne m'a pas échappé.


Et non seulement il ne m'a pas échappé, mais il m'a tout à la fois intriguée, amusée, charmée. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : j'ai trouvé l'idée génialissime. Je t'explique.

J'ai très vite compris que, chaque jour, le mot inscrit dessus changeait. J'ai trouvé que ces mots en question, ils étaient rudement bien choisis. En phase avec le monde autour d'eux, et accessoirement de moi, parfois même de façon très personnelle et donc tout à fait anecdotique. Pas forcément simples, dans le sens qu'ils ne font pas tous partie du vocabulaire de tout un chacun. Et pour le coup, j'ai vraiment adoré.
Encore plus quand j'ai découvert qu'à ce tableau sur le terrain étaient associés un compte Instagram et une page FB sur lesquelles, chaque jour, tu trouves explications et définitions et qui te permettent d'échanger toi-même avec le Tableau, jusqu'à pouvoir proposer des mots que tu auras peut-être la chance de voir inscrits en bord de route un de ces quatre.

Alors tu penses bien qu'avec tout ça, j'ai eu très envie de rencontrer celui/celle/ceux qui se cachai(en)t derrière cette idée à la fois toute simple et très bonne.
Hop hop, un petit message via IG, une réponse rapide et rendez-vous était pris, le lendemain matin, dans une lumière d'automne presque irréelle, au pied de l'œuvre qui affichait ce jour-là un fier KAYAK !

*Celle-là, c'est juste pour le plaisir de te montrer ce que j'appelle "une lumière d'automne presque irréelle" !*

J'ai donc eu la chance de faire la connaissance de Marco, et d'assister à la réalisation du mot du jour. D'y participer un peu aussi, et à double titre, puisque l'heureux élu était un mot que j'avais suggéré la veille et que l'artiste m'a mise au travail, moi aussi. ;)

Marc Hariau de son vrai nom est un artiste plasticien caennais et tu as déjà probablement croisé une de ses œuvres sans le savoir en te baladant dans les environs. Les folles herbes fluorescentes sur la station service désaffectée à Blainville, c'était lui. Les poches de cubis de vin sur les murs du Pavillon Sallard, c'était lui. La marée de poissons multicolores derrière la bibliothèque Alexis de Tocqueville, encore lui.
Les matériaux de récupération, l'accumulation et aussi, même si ce n'est pas flagrant avec ces exemples, la brillance sont ses trois marques de fabrique.

L'idée du Tableau a, comme souvent pour ses créations, germé d'un tout petit rien. Un tag d'une affligeante banalité sur le mur du garage d'un ami, la possibilité de récupérer un grand tableau noir, et pourquoi pas cacher l'un avec l'autre, un autre qu'on ferait vivre avec ce qui fait sa raison d'être, le savoir... Voilà, Le Tableau de Marco était né !

Et tous les matins depuis la rentrée scolaire de septembre, Marc vient inscrire un nouveau mot sur ce mur, en utilisant à chaque fois une police différente. Un mot issu du français moderne, d'un langage plus académique, ou même parfois du patois normand. Un mot en prise avec l'actualité ou bien choisi par des écoliers.
Un mot qui prend tout son sens avec le relais qui en est fait sur les réseaux sociaux par Noémie, la femme de Marc et sa complice sur ce coup-là,. D'ailleurs, elle aussi met parfois la main à la pâte en plus de, quotidiennement alimenter les comptes IG et FB du Tableau avec la définition du mot du jour et un élément d'étymologie.

Une formidable façon de nous attacher encore un peu plus à notre belle langue française, d'enrichir à la fois notre vocabulaire et notre culture.







Et le dimanche qui a suivi, comme Marc et Noémie n'étaient pas dispos pour venir s'occuper du Tableau, qui est-ce qui s'y est collée...??? C'est Bibi !!!
Je crois que mon enthousiasme du vendredi a légèrement transpiré comme dirait l'autre...!

J'ai donc eu le privilège et de choisir le mot, et de le réaliser. Avec l'aide de MariChéri, ce qui s'est avéré une franche partie de rigolade. Penses-tu, celui-ci a tellement bien nettoyé le tableau qu'il a même réussi à en effacer les deux triangles du haut, la signature de Marco... Oui, mon mari est un boulet. Parfois.
En revanche, il a mis le paquet en terme de reportage photo puisqu'il n'a pas arrêté de me mitrailler, allant même jusqu'à me filmer dans mes œuvres. Reportage dont j'ai choisi de t'épargner la grande majorité aujourd'hui, je t'assure, tu me remercierais si tu savais !




Une chose est sûre, tous ceux qui ont remarqué ce tableau en bord de route n'y sont pas restés indifférents, et se sont vite pris au jeu. Que ce soit directement en passant devant ou sur l'internet, on a chaque jour hâte de découvrir ce qui sera inscrit dessus. J'ai même un voisin qui note précieusement les mots qu'il ne connaît pas afin de regarder leur définition dans le dictionnaire quand il rentre chez lui le soir. Enfin, c'est ce qu'il faisait avant que je ne lui apprenne que les réponses à ses questions étaient trouvables en un simple clic.

La preuve s'il en était besoin qu'il n'est pas d'art mineur et que toute forme de création peut élever l'esprit.

Un immense merci à Marc et Noémie pour leur accueil, leur gentillesse et leur confiance. Et longue vie au Tableau de Marco !

FB : Le Tableau
       Marc Hariau

*

Commentaires

  1. Effectivement, c'est une idée très jolie. Je suis fan. Il faudrait récupérer tous les tableaux noirs des écoles qui ont disparu des murs de classes au profit des tableaux blancs et leur donner une seconde vie ainsi. Merci d'avoir partagé cette belle initiative.

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    1. Ravie de constater le succès que remporte ce Tableau quand j'en parle, et surtout ravie de vous le faire découvrir, à toi et à tous ceux qui ne le connaissaient pas !

      *

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  2. Des tableaux d'écolier plus gais que le tableau noir sur lequel était recopié les conjugaisons ou les tables de multiplication.

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    1. Et, dans le même temps, parfois je me dis que c'était le bon vieux temps, l'époque des conjugaisons et des tables de multiplication...! ;-)

      Bises Liza.

      *

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