Jamais sans ma Rosine

Un lundi parmi tant d'autres #69

Aujourd'hui, pour Zaza, j'ai fouiné dans les archives, en l'occurrence les boîtes à photos de mes parents et j'en ai sorti ce cliché. Une chance pour toi, il est en noir et blanc, il t'épargne donc à la fois le papier peint qui fait saigner les yeux ainsi que les carreaux et rayures jaune, orange et rouge de ma salopette top mode de l'époque. Mais là n'est pas le propos, ce que souhaite Zaza, c'est avoir, en plus de ma bouille de poupée, une anecdote qui va avec !
Sur cette photo, je dois avoir trois-quatre ans, ma mère le sait probablement avec précision, mais je n'ai pas eu la présence d'esprit de le lui demander. De toute façon, ce n'est pas ce qui est important, non, l'important se trouve dans le coin en bas à droite. Ma Rosine.

Rosine fait partie des nombreuses peluches que j'ai reçues à ma naissance. Si tu es mère de famille, tu sauras que, dans ces cas-là, le choix se fait alors de façon on-ne-peut-plus mystérieuse. Moi, va savoir pourquoi, c'est Rosine que j'ai choisie. Et Rosine que je l'ai baptisée. Parce qu'elle était rose tout simplement. J'étais une enfant logique : j'avais aussi un ours orange qui s'appelait Orangette. Bref, tout ça pour dire que Rosine a tout vécu avec moi, que je l'ai traînée absolument partout, les seuls moments où nous étions séparées, c'était lorsque ma mère ou ma grand-mère parvenaient à la kidnapper pour lui administrer un bain obligatoire, des moments où je rôdais comme une âme en peine autour de la machine à laver. Rosine était de tous les jeux, de tous les dodos, de toutes les expéditions, de tous les voyages.

Et justement, en 1976, Rosine est partie en Corse avec moi. De ces vacances, je ne me rappelle pas grand chose, le camping sauvage, les rouleaux de la mer, le soleil tous les jours... Le retour vers le continent s'est fait sur le Napoleon, probablement l'ancêtre de celui qui a failli couler dans le port de Marseille il y a un an de ça. J'ai dû dormir la plupart du temps, en travers sur les banquettes, ça je m'en souviens. C'est au moment de débarquer que le drame s'est produit : je me suis aperçue que j'avais oublié Rosine. Nous étions dans la voiture, à deux doigts de quitter le navire et moi j'hurlais parce que j'avais perdu mon ours en peluche. Et j'ai tellement bien hurlé que mon père a fini par retourner dans le bateau, à défaut de pouvoir retourner le bateau, pour chercher ma boule de poils rose... Sans succès. C'est en échange de la promesse du commandant de bord de garder Rosine auprès de lui s'il la retrouvait que j'ai accepté de lever le camp. Emportant avec moi mon plus gros chagrin d'enfance.

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Commentaires

  1. Réponses
    1. Quitte à laisser un commentaire qui ne sert qu'à insérer un lien publicitaire, autant faire en sorte qu'il soit en rapport avec l'article... :/

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  2. Il a tenu promesse, le commandant de bord? Comme il n'y a ppas d'épilogue à ton histoire, je jurerais que non! :)

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    1. Je ne le saurai jamais : je ne suis jamais remontée à bord du napoléon...!

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  3. Je me souviens de cette anecdote, tu m'en avais parlé l'an dernier quand nous partions en Corse. Qu'ils sont tenaces nos chagrins d'enfants, ils laissent toujours une petit boule nichée au creux du ventre...

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    1. Heureusement, depuis, je me suis aussi construit des jolis souvenirs, de Corse !!!

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  4. et bien je ne me souviens pas avoir eu un doudou ....
    bisous Anne Laure

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    1. Mes parents non plus. Il faut dire que nos générations ont été bien plus gâtées que les vôtres...!

      Bisous Arlette !

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